7 Septembre 1814 | Mme de Souza à Mme d’Albany | Talleyrand

Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance

" L'amitié, dit-elle, se compose d'indulgence. Je sais que le moment qu'il a choisi pour m'abandonner laisse peu d'excuse ; mais cette habitude de vingt-huit ans a laissé de grandes racines dans mon coeur. Je voudrais bien lui dicter la lettre qu'il devrait m'écrire. " Et dans un passage du plus grand intérêt, car il paraît bien concerner Talleyrand, elle ajoute : " Pour l'Ancien, je n'en ai pas entendu parler, mais cette plaie est guérie depuis si longtemps que cela ne m'a ni étonnée, ni fâchée. Il reviendra ou continuera à m'oublier sans me faire ni plaisir ni peine... "
 

Le Duc de Morny (Loliée / Emile-Paul / p.14-15)
Talleyrand (Lacourt-Gayet / Payot / p.463)
Du prince de Bénévent au duc de Morny (Frédéric Loliée / Emile-Paul / p. 150)
Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.286)
Son élégance le duc de Morny (Augustin-Thierry / Amiot-Dumont / p.38)
lettre intégrale (le portefeuille de Madame d'Albany, par Léon-G Pélissier)

Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance

" ... J'ai eu deux guerres qui m'ont tuée, (La campagne de Russie et la seconde campagne d'Allemagne.) car je ne vivais pas. Je savais tout ce qu'il y avait à craindre en tous genres et, sans exagérer, j'étais dans mon grand fauteuil, ne respirant ni ne parlant. Jugez si j aurais pu écrire. Enfin, mon mari m'a avoué que, dans ces dernières semaines, surtout quand il entrait chez moi, les cheveux lui dressaient à la tête. Voilà son expression, ma très chère. Jugez donc quelle figure j'avais et quel sentiment j'éprouvais.
" La conduite de Bertrand est inexcusable ; je crois bien qu'à présent il entre beaucoup d'embarras, de peur d'être mal reçu, et en cela il a tort. Il est vrai de dire aussi (Bertrand passa les dernières années de sa vie chez Talleyrand.) qu'il loge chez M. de Talleyrand, (Le 7 septembre 1814, Mme de Souza écrit à Mme d'Albany qu'elle reverrait Bertrand avec plaisir : " L'amitié, dit-elle, se compose d'indulgence. Je sais que le moment qu'il a choisi pour m'abandonner laisse peu d'excuse ; nais cette habitude de vingt-huit ans a laissé de grandes racines dans mon coeur. Je voudrais bien lui dicter la lettre qu'il devrait m'écrire. " Et dans un passage du plus grand intérêt, car il paraît bien concerner Talleyrand, elle ajoute : " Pour l'Ancien, je n'en ai pas entendu parler, mais cette plaie est guérie depuis si longtemps que cela ne m'a ni étonnée, ni fâchée. Il reviendra ou continuera à m'oublier sans me faire ni plaisir ni peine... ") et l'égoïsme, surtout l'oubli des autres se respirent dans l'air de cette maison. Enfin, je me tais, je ne veux pas être misanthrope. Hélas, je ne le suis point et j'aime tous les gens que je ne connais pas. Malgré votre haine contre l'ex... (Empereur), si vous étiez ici, avec le coeur que je vous connais, vous seriez révoltée des ingratitudes qui se montrent sans nulle honte. Quand on a contracté des obligations, on peut haïr, mais le silence me paraît de devoir. Voilà ma pensée et j'ose me flatter que telle sera toujours ma conduite. Néné est philosophe, si de se soumettre à sa pauvreté actuelle sans même regretter sa fortune passée est de la philosophie. Il va beaucoup à la campagne, joue à la paume, car, après ces extrêmes fatigues, un violent exercice lui est nécessaire, il chasse, il fait sa cour une fois par mois, c'est-à-dire qu'il se met comme les autres généraux sur le passage du Roi, car personne n'est admis, que ses anciens serviteurs, à l'honneur de lui parler aux petites heures, c'est-à-dire aux jours ordinaires... "

* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.135)* Dans l'entourage de l'Empereur (Emile Dard / Plon / p.41)* Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.286-287)* lettre intégrale (le portefeuille de Madame d'Albany, par Léon-G Pélissier)

Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance

"L'empereur aura donné toute liberté pour servir le nouveau gouvernement. Mais comment servir quand un crêpe couvre nos drapeaux et que nous avons joint à la haine qu'on nous portait, un mépris mérité ? Enfin, je m'en rapporte à toi pour faire que je puisse vivre dans mon pays et près de vous. C'est là le nécessaire. Je ne sais si M Bégo (surnom de Talleyrand, en souvenir du roman de Mme de Souza : Eugène de Rothelin) voudra m'être utile pour cela, car depuis tous ces événements il ne m'a rien fait dire par nos amis communs. Je ne lui en veux pas puisqu'il est heureux. Je désire qu'il le soit toujours - mais j'en doute ! Nous nous livrons pieds et poings liés à l'ennemi.
Je suivrai l'Empereur probablement jusqu'à sa destination. Je crois le devoir faire et je n'ai point d'arrière-pensée quand il s'agit de mon devoir. Quand, à la fin de tous ces événements - de toutes ces trahisons, de toutes ces infamies (selon les uns), de ces belles actions (selon les autres) - on sera arrivé irréprochable, on pourra se trouver heureux…"

Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.122-123)
The First Napoleon / Some unpublished documents from the Bowood papers / The Earl of Kerry / p. 305
Hortense, reine de l'Empire (Constance Wright / Arthaud / p.194)

Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance

" M de Flahaut revient des conférences de Lusigny au quartier général ; il n'a abouti à rien."
 
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.116)
Voir pages numérisées sur les négociations de Lusigny

Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance

" Flahaut habite avec M. et Mme de Souza une maison dont ils sont propriétaires, grande rue Verte, 6, faubourg Saint-Honoré, fréquentée par beaucoup de monde, particulièrement par des étrangers tant Anglais qu'Espagnols et Portugais. Le général Flahaut voit la plupart des généraux qui marquaient par leur dévouement à Napoléon. Il est l'ami intime du général Exelmans, etc., etc. "
* Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.288)

Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance

Je n'ai point donné ma démission, et puisque vous le voulez - malgré le deuil qui couvre nos drapeaux, malgré l'abaissement honteux de la patrie - je porterai encore mon uniforme et servirai encore mon pays. Je l'ai bien servi dans tous ces événements. J'ai contribué à le sauver d'une guerre civile, quoique cela soit contraire à mon intérêt personnel. Mais qu'est-ce que l'intérêt personnel auprès de celui de la patrie ? J'aurai donné ma vie pour la sauver de l'humiliation où elle est tombée. Malheureusement elle est complète.
Je reste ici jusqu'au départ de l'Empereur. Je l'accompagnerai même, s'il le désire, jusqu'au lieu de son embarquement. Après cela je reviendrai auprès de vous. Je lui ai demandé (j'ai cru le devoir) - je lui ai demandé, quelle était son opinion, son intention, sur la conduite que devraient tenir ceux qui lui ont été personnellement attachés. " Comme je désire conserver votre estime, Sire, je voudrais avoir une règle de conduite que Votre Majesté peut seule me donner. " Il m'a répondu qu'il " désirait que nous fussions heureux ; que tout ce qui s'y opposerait, serait contraire à ses intentions ; que tout ceci était fini, et que tout homme se doit à son pays "… J'ai écrit à M. de T[alleyrand] une lettre courte, mais bien. Je lui demande d'arranger ma position la meilleure possible. Je ne sais s'il prend encore quelque intérêt à moi - le bonheur n'éveille pas beaucoup sa sensibilité pour les autres ! Enfin, il n'est personne que je ne puisse regarder en face et je puis marcher la tête haute - c'est une démarche qui n'est pas commune !

* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.123)* The First Napoleon / Some unpublished documents from the Bowood papers / The Earl of Kerry / p. 305-306

Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance

"L'Empereur nommera probablement le général de Flahaut pour prendre possession du territoire de l'île d'Elbe."
 
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.124)

Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance

Analyse de la Négociation de l'armistice de Lusigny
24-28 février 1814
par le général Charles de Flahaut
(document rédigé près de trente ans après les faits et publié par Lord Kerry, dans "The First Napoleon, some unpublished documents from the Bowood papers)
Les premières communications pour la négociation de l'armistice eurent lieu le 24 février 1814. Le commissaire français, le Comte de Flahault, n'avait reçu que des instructions verbales et de la bouche même de l'Empereur. Il lui était enjoint expressément de déclarer aux Commissaires Alliés, qu'il n'était autorisé à traiter qu'à la condition que le préambule de l'armistice déclarerait que cette convention avait pour objet de faciliter la conclusion de la paix sur les bases proposées à Francfort.
Mais les commissaires des armées alliées répondirent que cette proposition dépassait leurs instructions et qu'une telle condition ne pouvait trouver sa place dans un traité d'armistice, qui n'avait d'autre but que de régler la suspension des hostilités et la ligne occupée par les armées pendant la durée de cette suspension.
Ce ne fut cependant qu'après une discussion, dont la longueur prouva au commissaire français leur vif désir d'arriver à un arrangement, qu'ils se décidèrent à refuser de négocier sur ces bases et à envoyer un courrier à leur quartier général pour mander cet incident inattendu et demander de nouvelles instructions. Le courrier revint le 25 et rapporta aux commissaires l'ordre de repousser la proposition du préambule, comme étant d'une nature diplomatique, et de se borner à traiter la question militaire de la suspension d'armes, lui faisant observer que cela paraissait d'autant plus convenable qu'il n'y avait pas de commissaire anglais présent à cette négociation.
L'Empereur Napoléon se rendit à cette observation et envoya alors au commissaire français l'ordre d'entrer en négociation ; mais de moments précieux avaient été perdus. Les craintes soulevées par nos succès à Champaubert et Montereau, etc... avaient eu le temps de se calmer, tandis qu'il est probable que si le comte de Flahault avait eu des pouvoirs plus étendus pour traiter dès l'ouverture de la négociation, il eût obtenu de meilleures conditions : mais l'Empereur lui avait donné l'ordre le plus formel de ne pas même entrer en pourparlers que le préambule sus-mentionné n'eût été consenti.
La discussion ayant commencé sur la ligne de démarcation, les commissaires ont proposé la ligne suivante : - L'ancienne frontière entre la France et les Pays-Bas depuis la mer jusqu'à Maubeuge ; la route de cette ville à Laon, en passant par Avesne ; de là à Rheims ; de Rheims à Châlons, d'où elle aurait remonté la Marne jusqu'à St-Dizier, etc. ; de là elle serait descendue à Colombey, où elle aurait traversé la route de Troyes à Chaumont ; aurait passé de là par Châtillon-sur-Seine, Montbard et Autun ; aurait de là été rejoindre la Saône à Châlon ; aurait suivi cette rivière jusqu'à Macon et la route de cette ville à Bourg ; aurait été de là rejoindre le Rhône à Lagnieu, et l'aurait suivi jusqu'à St-Genix, où ce fleuve rejoint les anciennes frontières de la Savoie, qui par cet arrangement aurait été occupée par les troupes alliées. Quant à la durée de l'armistice, ils proposaient 15 jours et 6 jours de délai à partir de celui de la dénonciation.

février 1814 :
Négociations
de Lusigny
Les Alliés refusèrent de céder la Belgique et la Savoie,
mais ils consentirent à reculer de quelques kilomètres en Champagne et en Bourgogne
(zone située entre les pointillés rouge et vert)

On différait avec eux sur ce point important, que S.M. voulait que la ligne de démarcation ne donnât aux alliés ni la Belgique, ni la Savoie. Les commissaires, après une discussion de cinq heures dans laquelle on n'avait pu s'accorder, se sont encore décidés à envoyer un courrier pour demander des nouvelles instructions sur ce point. Le courrier parti le 25 est revenu le 28. Il a rapporté aux commissaires des alliés de nouvelles instructions, qui ne changeaient rien aux conditions relatives à la Belgique et à la Savoie repoussées par l'Empereur, qui modifiaient à peine la ligne de démarcation proposée en l'établissant de la manière suivante : - Les anciennes frontières des Pays-Bas depuis la mer jusqu'aux environs de Maubeuge, de là une ligne passant la Sambre près de cette place en regagnant la route d'Avesnes, laissant cette place à la droite, pour gagner la route de Paris et la suivre jusqu'à Laon ; de Laon la grande route à Rheims ; de Rheims la route jusqu'à Châlons-sur-Marne ; de là remontant la Marne et passant près Vitry, St-Dizier et Joinville jusqu'à Chaumont ; de Chaumont la route à Langres ; de Langres la route à Dijon ; de Dijon le canal jusqu'à Macon ; de Macon la route à Bourg-en-Bresse ; de cet endroit gagner le Rhône par Pont-d'Ain à Lagnieu, le remonter jusqu'à St-Genix ; de là la ligne irait rejoindre les anciennes frontières de la Savoie, qui séparaient autrefois cette province de la France, et suivant cette frontière le long des Alpes et celle du Valais jusqu'aux frontières de la Suisse.
Tous les endroits qui se trouvent sur la ligne de démarcation devaient être occupés par les troupes des Puissances Alliées. L'armistice devait s'étendre également aux armées d'Italie et à celles du Maréchal Lord Welligton ; dans ces armées on devait régler la ligne de démarcation sur le status quo des choses à l'arrivée du courrier. L'armistice devait être de quinze jours, plus 6 jours après la dénonciation. Cette ligne aurait pu être adoptée pour la plus grande partie, amis quand à sa terminaison en Suisse, jamais on n'a pu la faire passer d'une manière qui convînt à l'Empereur, dont l'ordre formel au comte de Flahault était de ne céder dans aucun cas des pays occupés par les troupes françaises (tel que Bourg, Macon, Chambéry, Chalon-sur-Saone). Dans les départements qui avoisinaient la Suisse, les efforts des habitants contre les troupes alliées avaient obtenu des succès, dont ils auraient été punis, si l'armistice les avait de nouveau livrés à des troupes.
Sur ces entrefaites, l'Empereur se décide de se porter sur le Gal Blücher, et écrivit le 27 février au Général Flahaut une lettre .
L'éloignement de l'Empereur eut deux inconvénients : celui de laisser le commissaire français sans instructions, et celui plus grave de faire passer le commandement des troupes opposées au Prince de Schwarzenberg et à l'armée principale des alliés, des mains de l'Empereur à celle d'un de ses maréchaux. Le secret dont il voulait couvrir ce changement ne put être gardé, et la manière molle dont les troupes attaquèrent à Bar-sur-Aube, dévoila sur-le-champ aux généraux ennemis l'absence de l'Empereur. Les Alliés reprirent l'offensive, repoussèrent les troupes françaises, et le Prince Schwarzenberg étant rentré à Troyes mit un terme à la négociation. Ainsi s'évanouit la dernière espérance de la paix et du maintien du gouvernement impérial.
Le Général Ducca, commissaire autrichien, a eu des communications confidentielles fréquentes avec le Général Flahault. Il a exprimé le désir sincère de la part de l'Empereur d'Autriche de mettre un terme à la guerre. Il a dit que son maître n'a jamais eu l'idée, ni le désir, d'aller à Paris. Il en a donné pour preuve la lenteur avec laquelle le Prince Schwazenberg a marché. Il a répété plusieurs fois qu'il ne doutait pas que la paix ne fût conclue sous peu, si on parvenait à faire cesser les hostilités ; que l'Empereur d'Autriche le désirait et qu'il était très modéré. Il est revenu chaque jour sur ce sujet, demandant en propres termes que l'on aidât l'Empereur d'Autriche à faire la paix. 'Faites", a-t-il dit encore, "que le 28 les hostilités cessent, facilitez-nous le moyen de faire la paix. Je vous jure que l'Empereur d'Autriche et l'Angleterre la veulent honorable pour la France." Il y avait eu des explications antérieures avec le Général Ducca, qui ne laissaient aucun équivoque à ce mot sortant de sa bouche. Enfin, en remettant leurs dernières propositions le 28 au soir, les commissaires ont dit en commun que la paix ne dépendait que d'un armistice et qu'ils ne se doutaient pas qu'elle ne fût faite d'une manière qui convînt à l'Empereur.

Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance

" ... Que vous dire ? Le Roi est juste et bon, mais ses entours sont implacables. Tout ce qui avait un peu d'éclat depuis dix ans est relégué dans sa tanière. On ne s'embarrasse ni du mérite qui vous avait fait choisir, ni de la conduite noble et courageuse que vous avez tenue ; tout est oublié. Je puis dire devant Dieu n'avoir jamais manqué l'occasion d'obliger ; eh bien! il est des gens dont la reconnaissance enthousiasmée me semblait trop forte tant que j'ai été en position de les servir, et qui, du moment que le Roi a dû revenir, n'ont pas plus pensé à moi que si je n'avais jamais existé. Le chapitre des ingratitudes fait mal au coeur. Qu'ai-je fait cependant, moi, étrangère, moi qui n'avais jamais été à la Cour de l'Empereur depuis neuf ans qu'il avait contribué à faire perdre la place de mon mari ? Mais mon fils a été son aide de camp ; quel crime ! Comme si la ligne militaire n'était pas de devoir, comme si cette place, qu'on ne demandait jamais, n'était pas toujours le prix de la bravoure, tandis que les places de cour... Vous savez si j'ai jamais eu d'opinions, moi qui ne vis que par mes sentiments ! Je suis dégoûtée de la vie et du monde. Quand vous arriverez, je vous dirai : Aimez-moi si vous pouvez, mais vous aurez affaire à une âme malade, à un esprit ombrageux. Voilà mon état. Vous voyez, ma chère amie, que j'aurais aussi bien fait de m'en tenir à ma première page sans entr'ouvrir mon âme, car, si je me laissais aller sur ce chapitre, j'en écrirais de belles. "
* Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.286-287)* lettre intégrale (le portefeuille de Madame d'Albany, par Léon-G Pélissier)

Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance

Instructions pour le Général Flahault, aide-de-camp de l'Empereur
(correspondance de Napoléon 1er, N° 21359)
Bourg des Noës, à Troyes
24 février 1814
Flahaut se rendra à Lusigny avec des pouvoirs du major général pour négocier, conclure et signer un armistice entre les deux armées.
Il est bien entendu que, pendant la durée des conférences, il n'y aura pas d'armistice, de sorte que les troupes françaises et alliées pourront se battre et aller où elles voudront. Ce ne sera que du moment de la signature et de l'échange des ratifications que l'armistice aura lieu. Ceci est important, car je n'entends pas être lié par ces pourparlers.
Dans l'état actuel de mes affaires, où un plan général se développe, je ne puis accorder d'armistice qu'autant que je serai certain de la paix. je ne puis être certain de la paix qu'autant qu'on aura consenti à admettre les bases proposées à Francfort par le prince de Metternich, en présence du comte Nesselrode et de lord Aberdeen.
Le général Flahault doit s'appuyer sur la lettre par laquelle le prince de Schwarzenberg demande un armistice en disant que la paix doit être conclue, sur la réponse du prince de neuchâtel, et sur le lettre du prince de Schwarzenberg qui réitère la demande d'un armistice. Le général Flahault sera muni de cette correspondance.
Le préambule devra être rédigé à peu près en ces termes :
"Les hautes parties contractantes, ayant réuni leurs plénipotentiaires au congrés de Châtillon-sur-Seine pour traiter de la paix sur les bases proposées à Francfort, ont résolu, pour faciliter ladite négociation et épargner aux peuples la prolongation des maux de guerre, de conclure une suspension d'armes, et ont nommé à cet effet les sieurs tels et tels pour commissaires."
Cet article souffrira difficultés. Le général Flahault dira que sans cet article il n'y a rien à faire ; que ce n'est pas dans un moment où une organisation secrète sur les derrières est au moment d'agir, et où différentes armées pèsent sur leurs flancs, qu'on peut nous arrêter, si on ne veut pas avoir la paix : or on ne peut avoir de paix que sur les bases de Francfort.
Le général de Flahault n'entrera dans aucune discussion que cet article ne soit d'abord arrêté. Ces messieurs pourront envoyer chercher des pouvoirs s'ils n'en ont pas. Le général n'ouvrira pas même la bouche tant que ce ne sera pas fait. Cela une fois fait, le général Flahault proposera une suspension d'armes d'après laquelle les alliés évacueront les 18è, 19è et 7è divisions militaires, ainsi que le département de l'Aube, et se consentreront en Franche-Comté, en Alsace et en Lorraine ; ils évacueront toute la Belgique, et leur ligne sera la Meuse deouis son embouchure jusqu'à sa source, et, depuis là, une ligne qui passera entre Vesoul et Langres et qui viendra mourir par la Franche-Comté sur la Suisse.
Pendant tout le temps que durera la suspension d'armes, les places seront approvisionnées. Les places du Nord devant être dégagées, leur approvisionnement est donc hors de question. Quant aux places de la Meuse, nous pourrons y pourvoir par la rive qui nous sera rendue. Restent donc les places de la Lorraine, de l'Alsace et de la Franche-Comté. Des commissaires français seront chargés d'y faire entrer des vivres. Genève, étant de la 7è division, sera évacuée.
Le général Flahault doit avoir un langage honnête, mais ferme : "Nous connaissons les forces de l'ennemi, pourra-t-il dire, mais on ne connaît pas assez les nôtres. Tous les jours nous recevons de Paris 10.000 hommes habillés et armés, dont 2000 hommes de cavalerie ; notre armée est de 300.000 hommes. La vieille Garde, qui est composée d'hommes qui n'ont pas moins de seize ans de service, est triplée et forme trois divisions, chacune de seize bataillons. Tous les hommes qui ont servi dans la Garde et ont été congédiés, y ont été rappelés ; ce qui a augmenté la Gare et l'a portée à 30.000 hommes. Il est vrai que nous avons près de 50.000 hommes qui ne sont pas habillés ; mais la plupart des effets d'habillement vont arriver, on les attend à chaque instant ; mais ces hommes ont de bons fusils et servent assez bien. Enfin les horreurs que les Cosaques ont commises, et qui n'ont pas de nom, ont excité au dernier point toute la population en France, et tout le monde est sous les armes. Aussi croyons-nous que toutes les chances sont pour nous, et n'est-ce que la résolution où nous sommes de faire la paix, à la condition qu'on traitera sur les bases de Francfort, qui peut nous porter à une suspensio d'armes."
Quant aux prisonniers, il faut dire que jusqu'à cette heure nous en avons fait 50.000, que nous avons pris quatre-vingt pièces de canon et 800 voitures.
Quand tous ces articles auront passé, le général Flahault y ajoutera, que les capitulations de Dresde et de Danzig ayant été faites selon toutes les lois de la guerre, elles seront ratifiées, et qu'en conséquence les garnisons seront ramenées sur le Rhin pour être échangées, conformément auxdites capitulations, contre un pareil nombre d'alliés.
(D'après la copie. Archives de l'Empire)