9 avril 1814 | Charles de Flahaut à Mme de Souza | accompagne l’Empereur

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Contenu de la correspondance

Je n'ai point donné ma démission, et puisque vous le voulez - malgré le deuil qui couvre nos drapeaux, malgré l'abaissement honteux de la patrie - je porterai encore mon uniforme et servirai encore mon pays. Je l'ai bien servi dans tous ces événements. J'ai contribué à le sauver d'une guerre civile, quoique cela soit contraire à mon intérêt personnel. Mais qu'est-ce que l'intérêt personnel auprès de celui de la patrie ? J'aurai donné ma vie pour la sauver de l'humiliation où elle est tombée. Malheureusement elle est complète.
Je reste ici jusqu'au départ de l'Empereur. Je l'accompagnerai même, s'il le désire, jusqu'au lieu de son embarquement. Après cela je reviendrai auprès de vous. Je lui ai demandé (j'ai cru le devoir) - je lui ai demandé, quelle était son opinion, son intention, sur la conduite que devraient tenir ceux qui lui ont été personnellement attachés. " Comme je désire conserver votre estime, Sire, je voudrais avoir une règle de conduite que Votre Majesté peut seule me donner. " Il m'a répondu qu'il " désirait que nous fussions heureux ; que tout ce qui s'y opposerait, serait contraire à ses intentions ; que tout ceci était fini, et que tout homme se doit à son pays "… J'ai écrit à M. de T[alleyrand] une lettre courte, mais bien. Je lui demande d'arranger ma position la meilleure possible. Je ne sais s'il prend encore quelque intérêt à moi - le bonheur n'éveille pas beaucoup sa sensibilité pour les autres ! Enfin, il n'est personne que je ne puisse regarder en face et je puis marcher la tête haute - c'est une démarche qui n'est pas commune !

* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.123)* The First Napoleon / Some unpublished documents from the Bowood papers / The Earl of Kerry / p. 305-306