Correspondance entre Charles de Flahaut et Napoléon 1er
de mars 1800 à 1815
mars 1800
Charles Flahaut au Général Bonaparte
” Général, je n’ai que seize ans (en fait, il en avait quinze), mais je suis fort. Je sais trois langues assez bien pour que, plusieurs fois, il ait été impossible de deviner, dans les différents pays, si j’étais Anglais, Allemand ou Français.Trop jeune pour être soldat, j’ose vous demander d’être votre aide de camp. Soyez sûr que je serai tué ou que j’aurai justifié votre choix à la fin de la campagne.
Pour que vous croyiez à mon dévouement, j’invoquerai près de vous un exemple qui réglera ma vie entière.
Mon père a été condamné à mort sous la terreur. Après son jugement, ma mère obtint du geôlier de le laisser échapper de la prison. Le lendemain, mon père apprit qu’on avait arrêté son défenseur officieux, accusé d’avoir facilité son évasion. Il quitte son asile, se rend à la Commune, disant qu’il ne veut pas qu’un innocent souffre pour lui, et il a péri deux heures après. (Charles de Flahaut faisait ainsi un récit schématique et quelque peu inexact de la mort de son père). Croyez-vous, général, qu’après un pareil exemple je serai fidèle à l’honneur et à vous ?
Salut et respect. “
24 février 1814
Charles de Flahaut à Napoléon 1er
” Il me dit que l’Empereur d’Autriche avait le désir le plus sincère de mettre un terme à la guerre et qu’il désirait bien que VotreMajesté eût la même volonté…”
25 février 1814
Charles de Flahaut à Napoléon
“J’ai retenu ces messieurs jusqu’à ce que j’aie reçu des ordres de Votre Majesté”
27 février 1814
Napoléon à Flahault
(Correspondance de Napoléon 1er No. 21389)
Troyes, 27 Février, 1814, 7 hrs
Monsieur le Comte Flahault,
Vous ne m’avez pas donné de vos nouvelles hier. Faites-moi connoître où vous en êtes. Je suppose que les commissaires de l’ennemi se seront rapprochés de votre ligne ; vous ne devez dans aucun cas leur céder des pays que nous occupons tels que Bourg, Mâcon, Chambéry, Chalon-sur-Saône. Ces messieurs le comprendront facilement : quel effet cela ferait-il aux yeux des habitans qui se verraient abandonnés ? Cependant, si les difficultés tenaient à ce qu’ils gardassent Langres et Chaumont, comme ils les occupent, vous devriez y consentir. Tâchez de conclure : c’est le seul acheminement à la paix.
Je vous ai fait connoître que vous pourriez les laisser faire passer la ligne de manière qu’ils gardent Bréda et tout la Brabant hollandais. Enfin si en concluant quelque chose, vous êtes obligés de vous éloigner de la ligne indiquée, faites le valoir auprès de l’aide de camp de l’Empereur d’Autriche, et tâchez d’en tirer la promesse positive, ou à peu près, que son maître veut la paix sur les bases de Francfort.
Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait en sa sainte garde.
Troyes : le 27 février 1814 : à 7 heures du matin.
N.I.
27 février 1814
Napoléon à Charles de Flahault
Troyes, 27 février , 1814, 9 hrs.
Monsieur le Général Flahault.
Tâchez de faire croire aux plénipotentiaires que je suis passé cette nuit pour porter mon quartier général à Bar-sur-Aube. Je me rends à Arcy-sur-Aube pour manœuvrer sur les derrières de Blücher, d’York, et de Wintzinzerode, qui marchent sur la Ferté-Gaucher. Vous sentez combien il est important que les commissaires et l’ennemi ne se doutent pas de ce mouvement. Aussitôt que vous aurez reçu cette lettre, envoyez-moi un courrier pour me faire connoître où en sont les choses : sur ce je prie Dieu qu’il vous ait en sa sainte garde.
Troyes : le 27 février 1814 : à 9 heures du matin.
N.I.
13 avril 1815
Napoléon 1er à Charles de Flahaut
“Il me semble que, parmi les officiers généraux, il y a un grand nombre de jeunes gens plus habiles que ceux qu’on me propose.”
18 avril 1815
Napoléon à Charles de Flahaut
“Monsieur le comte Flahaut, mon intention est de vous charger de tout le travail du personnel militaire. Recueillez donc tous les renseignements qu’il vous sera possible sur les généraux et officiers, parce que, si je fais de mauvais choix, c’est à vous que je m’en prendrai”
1815
Napoléon 1er à Charles de Flahaut
“Flahaut, tu vas galoper jusqu’à Paris et tu préviendras le gouvernement provisoire : je resterai à la Malmaison tant qu’il n’aura pas prescrit à deux frégates de me transporter en Amérique, dès mon arrivée à Rochefort.”