"Je viens (rentre), à l'instant, de traverser le pont de la Concorde, d'où j'ai accompagné Auguste vers le ministère de l'Intérieur, dont il allait prendre possession. La Chambre est occupée et entourée par la troupe. En passant devant la maison du général Changarnier, j'ai vu (qu'elle était pleine de) des sergents de ville et des gendarmes mobiles qui (étaient en train) l'arrêtaient. Il y a beaucoup d'autres arrestations. (Beaucoup d'autres personnalités, d'ailleurs, doivent être arrêtées) Les troupes détestent (haïssent) l'Assemblée et sont bien disposées (très favorable) pour le président. Il pourra y avoir des troubles locaux (quelques résistance locales) , mais on ne peut douter du succès à Paris (le succès à Paris ne fait aucun doute). Le président m'a demandé (prié) de l'accompagner à cheval et m'a prêté une monture. S'il y a du nouveau dans le courant de la journée, je vous écrirai. J'ai d'ailleurs dit à Auguste de vous envoyer une dépêche télégraphique.."
Le Duc de Morny (Robert Christophe / Hachette / p.96-97)
Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.310-311)
Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.159)
toute la correspondance échangée entre Charles de Flahaut et sa femme Margaret Mercer Elphinstone
Télégramme reçu à 11h30 du matin, le mardi 2 décembre. South-Eastern Railway. Electric Telegraph. De M de Morny, ministre de l'Intérieur, à la Comtesse de Flahault (Countess Flahaut), Grosvenor Square, Londres.
"L'Assemblée est dissoute. Le Président de la République lance un appel au peuple."
Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.160 )
"Mon cher Monsieur de Flahaut, j'ai une si entière confiance dans votre franchise et dans votre désir et votre pouvoir de maintenir la bonne intelligence entre la France et l'Angleterre, que je suis particulièrement désireux d'avoir un instant d'entretien avec vous sur des questions que je n'aimerais pas livrer à des personnages officiels comme Walewski ou Normanby. Veuillez bien me faire connaître, dès que vous viendrez en ville, quand je pourrai me rendre chez vous. Votre bien fidèle Granville."
Le duc de Morny (Gerda Grothe / Fayard / p.104)
Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.314-315)
Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.216)
"Hier, journée mouvementée et angoissante, parce que non seulement nous ne savions comment les choses tourneraient, mais aussi parce qu'il a fallu se décider à certaines mesures : ce n'est pas sans regret, en effet, qu'on se met à arrêter des hommes respectables dont l'unique faute consiste à être des ennemis politiques.Cependant la décision était prise , et lorsque que je vous aurai dit que tour avait été résolu jeudi dernier (27 novembre), vous concevrez que les personnes informées aient éprouvé quelque anxiété. Ces personnes étaient Auguste, Saint-Arnaud, Maupas (Persigny, je crois) et moi. Jamais secret ne fut mieux gardé et plan mieux exécuté.Auguste a été héroïque ; il n'est pas possible d'avoir montré plus de courage, de fermeté, de bon sens, de prudence, de calme, de bonne humeur, d'urbanité et de tact dans ces circonstances ; et en même temps si simple et si modeste. Ceux qui l'aiment peuvent être fiers de lui.
Les choses vont aussi bien que possible (qu'on le peut souhaiter) et tout semble à présent simple et aisé ; mais je vous assure que lorsque nous nous levâmes à 5 heures et allâmes à l'Assemblée au moment même où on l'occupait, la situation n'était rien moins que rassurante. Le peuple paraît (a l'air) satisfait, il est bonapartiste et républicain. J'ai refusé tout ce qui pouvait m'obliger à une longue séparation d'avec vous (à me séparer longuement de vous), et surtout (spécialement) de ma pauvre Louise (Louisa), mais j'ai dû accepter (je ne pouvais refuser) de faire partie du Conseil qui assistera le président jusqu'au 21 du mois, c'est à dire jusqu'à ce que le plébiscite aura décidé d'accepter ou de rejeter les institutions proposées. Qu'elles soient acceptées je n'en doute pas. J'ai passé ma journée au ministère de l'Intérieur, d'où je vous ai envoyé des nouvelles par le télégraphe. Léopold Le Hon (Fils de la comtesse Le Hon, amie de Morny) m'a prêté son concours obligeant.L'épisode le plus contrariant de la journée a été le rassemblement d'environ deux cents députés à la mairie du 10è arrondissement, où ils décidèrent la déchéance du Président et la nomination du général Oudinot à la tête de l'armée du Parlement - qui ne manquait d'ailleurs que de soldats. Les députés furent conduits entre deux files de soldats depuis la mairie jusqu'à la caserne du quai d'Orsay et - je le sais par l'un deux - insultés par le peuple sur leur passage. Je déplorais que Broglie fût parmi eux. Maintenant, grâce à Dieu, il est chez lui. Les autres, Barrot, Berryer, Piscatory, etc., etc., sont ou à Vincennes ou au firt du Mont-Valérien. A la caserne du quai d'Orsay, quand Piscatory dit au général Forey : "Vous faites là un jolie métier, général", Forey lui répliqua : "Vous ferez bien, monsieur, de ne pas faire l'insolent, parce que je vous ferais donner des coups de crosse.Vous ne pouvez pas vous imaginer combien l'armée est enthousiaste...Toutes les nouvelles de Paris et des départements sont bonnes. Les noms de Bonaparte et de Napoléon semblent magiques. Mme de Lieven est dans une joie qui confine à l'extase, Marion Ellice de même ; je suppose que son oncle s'apitoye sur le petit Thiers ; il est le seul."
Napoléon III (Castelot / Perrin / p.672)
Dans l'entourage de l'Empereur (Emile Dard / Plon / p.61)
Morny, l'homme du second empire (Dufresne / Perrin / p.144)
Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.311-312)
Le coup du 2 décembre (Henri Guillemin / Gallimard / p.351, 360 et 390)
Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.160 à 163)
Le duc de Morny / Marcel Boulenger / Hachette / p.56-57
Son élégance le duc de Morny (Augustin-Thierry / Amiot-Dumont / p.132)
toute la correspondance échangée entre Charles de Flahaut et sa femme Margaret Mercer Elphinstone
(Il était alors ambassadeur de France à Londres.)
Londres, mercredi midi 3 décembre 1851
Chère Madame de Flahault,
Je reçois une dépêche de ce ma tin 10 heures, partie de Paris à 9 heures et demie : "Paris et les départements sont bien tranquilles."J'ai des dépêches du ministre - toujours Turgot (Walewski évidemment s'attendait à ce que Turgot fût remplacé) ! Morni [sic] est à l'Intérieur, Fould aux Finances, Rouher Justice et Magne [Travaux publics].J'ai reçu toutes les proclamations. Je n'en ai qu'un exemplaire, mais si vous passez à l'ambassade je vous les montrerai.Tout est tranquille et calme à Paris.Le Président dîne avec tout le corps diplomatique et avec le ministre des Affaires Etrangères.Mille amitiés dévouées.
A.W.
Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.163)
Il était alors ambassadeur de France à Londres.)
Londres, mercredi midi 3 décembre 1851
Chère Madame de Flahault,
Je reçois une dépêche de ce ma tin 10 heures, partie de Paris à 9 heures et demie : "Paris et les départements sont bien tranquilles."J'ai des dépêches du ministre - toujours Turgot (Walewski évidemment s'attendait à ce que Turgot fût remplacé) ! Morni [sic] est à l'Intérieur, Fould aux Finances, Rouher Justice et Magne [Travaux publics].J'ai reçu toutes les proclamations. Je n'en ai qu'un exemplaire, mais si vous passez à l'ambassade je vous les montrerai.Tout est tranquille et calme à Paris.Le Président dîne avec tout le corps diplomatique et avec le ministre des Affaires Etrangères.Mille amitiés dévouées.
A.W.
Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.163)
(Cabinet du Ministre de l'Intérieur)
Jeudi, 3 heures 4 décembre 1851
L'armée a un état d'esprit parfait ; elle est en pleine marche contre l'émeute. Si, comme je l'espère, elle est complètement victorieuse de l'émeute, tout sera fini. Vous le saurez déjà avant de recevoir cette lettre, car le jeune Le Hon vous enverra un message.Affectueusement à vous de tout coeur.
Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.164)
Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.312)
toute la correspondance échangée entre Charles de Flahaut et sa femme Margaret Mercer Elphinstone
"Tout est fini, nous sommes victorieux sur toute la ligne et la France entière approuve. Qu'il serait admirable de voir la société protégée pour longtemps."
"L'émeute est domptée ; il y a beaucoup de morts de leur côté."
* Le duc de Morny (Gerda Grothe / Fayard / p.87)
* Le coup du 2 décembre (Henri Guillemin / Gallimard / p.401)
"Tout va bien à Paris, et mieux encore en province où l'enthousiasme est immense et où la plupart des gens crient : "Vive Napoléon !" Ici on a trouvé les légitimistes mêlés aux émeutiers.Des coups de feu ont été tirés de certaines maisons, boulevard des Italiens, rue de Richelieu, etc. Les troupes ont forcé ces maisons et exécuté les insurgés. Les soldats sont admirables.Le procédé de votation avec obligation de signer sur un registre étant impopulaire, on l'a remplacé par des bulletins (Le projet avait consisté à l'origine en un vote à découvert, mais on lui substitua le scrutin secret) - ce qui a produit le meilleur effet. Les blouses remettaient les pavés en place ce matin et les femmes applaudissaient les soldats sur leur passage.Auguste est héroïque ; je souhaiterais que tous ses collègues fussent comme lui. Nous faisons tout notre possible pour les appuyer. J'espère que vous avez reçu les messages."
* Le coup du 2 décembre (Henri Guillemin / Gallimard / p.395)* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.165-166)
toute la correspondance échangée entre Charles de Flahaut et sa femme Margaret Mercer Elphinstone
(Télégramme)
"Le plus grand calme. Emeute vaincue et terrifiée. On arrête les chefs encore en liberté. Nouvelles de départements continuent à être excellentes. Les rentes à cette heure sont à 96 francs, 4 francs de plus qu'hier."
Napoléon III (Castelot / Perrin / p.695)
Le duc de Morny (Gerda Grothe / Fayard / p.87)
Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.167)