14 janvier 1852 | Madame Le Hon à Charles de Flahaut | attitude du Prince et avenir de Morny

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Dans une longue lettre, Madame Lehon demande conseil à Charles de Flahaut sur les décisions que Morny doit prendre.("Voila, très en résumé, tout ce qui peut vous servir à vous faire juger de sa position. Que feriez-vous à la place de notre ami ? Partir quand les deux autres arriveront, ou attendre ?")
"M de M alla voir le Président afin de lui démontrer que ce n'était pas pour la famille d'Orléans mais pour lui ; qu'il se perdrait ; que cette mesure que rien ne justifiait serait fort blâmée dans le pays ; qu'il le suppliait de ne pas se laisser aller à un sentiment qui serait qualifié de vengeance inutile ; que quant à lui, il lui avait bien prouvé tout son dévouement, toute son affection, et qu'il serait désolé de devoir lui donner sa démission, mais qu'il ne pouvait et ne signerait jamais un acte semblable. Le Président reprit que c'était un enfantillage ; qu'au bout de quelques jours personne n'en parlerait ; qu'il serait désolé de se séparer politiquement de lui ; qu'il tenait cependant à cette mesure."
"On n'a rien essayé pour le garder"
" Persigny et Maupas ruinant notre ami par tous les moyens possibles, tant auprès du président que dans le public. Ce n'est pas seulement leur entrée au ministère qu'ils ambitionnent ; ils veulent le départ de Morny et le président non plus n'en serait pas fâché (…) Son coup fait, il veut régner seul."
" Notre ami souhaite que je vous écrive pour vous demander votre avis. Doit-il rester avec ces deux hommes (Maupas et Persigny), étant entendu que le projet de confiscation est abandonné ? Je crois, quant à moi, qu'on ne veut plus de lui et que, Persigny désirant l'Intérieur, il aura tôt ou tard à partir ; en tolérant ces deux hommes, il aura eu l'air de se cramponner au pouvoir. M de Morny voudrait savoir s'il doit, dans l'intérêt du pays et du président, supporter l'état de choses aussi longtemps que possible. Je vous en prie, répondez sur tout cela.
 

Louis-Napoléon revisité (Minc / Gallimard / p.75)
Le Duc de Morny (Robert Christophe / Hachette / p.116)
Morny, un voluptueux au pouvoir (Rouart / Gallimard / p.167)
Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.318-319)
Le duc de Morny (Gerda Grothe / Fayard / p.114)
Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.233 à 244)

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" Je voudrais que vous soyez ici avec moi. (J'aurais bien voulu vous avoir ici) J'ai été troublé par de sérieuses questions dont je n'ose vous parler par écrit - elles peuvent avoir de graves conséquences pour le pays. (J'ai eu des ennuis très graves) . Je ferai mon devoir jusqu'au bout, mais seulement si je peux le faire d'une manière honorable (jusqu'à la limite de ce que je ne croirais pas honorable). C'est dans de telles circonstances que l'on sent le besoin d'un véritable ami, tel que vous. (un ami aussi sûr que vous)
Je n'ai pas le temps malheureusement de vous écrire en ce moment. Je vais au Conseil et je suis accablé d'affaires.
Je vous embrasse tous.
AUGUSTE
Ne m'achetez ni voiture ni chevaux."
 
* Morny et son temps (Parturier / Hachette / 98)
* Le duc de Morny (Gerda Grothe / Fayard / p.114)
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.318)
* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.233)

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"Venez, je vais vous présenter à mon père, le comte de Flahaut."
 

Morny, un voluptueux au pouvoir (Rouart / Gallimard / p.162-163)
Le Duc de Morny (Christophe Robert / Hachette / p.113)
Le Duc de Morny (Loliée / Emile-Paul / p.168)
Morny, l'homme du second empire (Dufresne / Perrin / p.168)
Son élégance le duc de Morny (Augustin-Thierry / Amiot-Dumont / p.147)

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Mon cher Flahault,
Si vous n'avez pas d'engagement, vous voudrez peut-être bien passer ici à 10 heures ce soir.Si cela ne vous arrange pas, veuillez bien venir avant onze heures demain matin. - Fidèlement à vous.
J.RUSSEL
* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.245)

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"Ma chère madame de Flahaut,
Je regrette que vous éprouviez du chagrin de la vente de la maison. Au fond, moi j'éprouve bien aussi un peu de tristesse, mais c'est plutôt une impression qu'un raisonnement. Ne revenant plus à Paris, n'était-il pas absurde d'avoir un aussi gros capital improductif ? Pour l'habiter, vous auriez été obligée à de grandes dépenses, et à moins d'adopter franchement une situation dans le gouvernement actuel - ce que monsieur de Flahaut ne peut pas faire -, ce serait une folie de la conserver pour venir de temps à autre y passer quelques semaines. Tandis que sans exposer le capital qui vous rentre, vous pouvez augmenter la fortune de vos enfants.
Vous connaissez mes sentiments à l'égard de l'Empereur actuel et tous les motifs honorables (les nombreuses raisons) qui justifieraient (le consentement de) M de Flahaut d' (à) accepter une position (situation) officielle. Néanmoins je ne me dissimule pas qu'une telle attitude pourrait ne pas être approuvée en Angleterre (que peut-être l'opinion en Angleterre pourrait désapprouver ce parti) ; qu'on pourrait l'en blâmer dans sa propre famille (allusion aux Shelburne) ; (qu'en outre ici) il se trouverait ici au milieu de gens nouveaux (un monde nouveau) qui n'ont aucun rapport avec ses anciens amis (en froid avec toutes ses anciennes connaissances) Vous aurez de la peine à vous habituer vous-même à la nouvelle graine qui a poussé. La position sera (longtemps) fausse pendant quelques temps, je le sens moi-même et vous le sentiriez encore davantage (Et si j'éprouve cela moi-même, ne l'éprouverez-vous pas plus vivement ?) Sa conduite depuis deux ans, et surtout depuis le 2 décembre, est la vraie mesure qui emporte l'estime de tous. La seule chose que je blâme, ce sont les exagérations de certains qui, tout en reconnaissant le service immense rendu au pays par le Prince Lo Nap., s'éloignent de sa personne par sentiments personnels.
Enfin laissons faire le temps...
AUG.."
 
* Le duc de Morny (Gerda Grothe / Fayard / p.138-139)* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.310-311)* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.329)

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"Tout le monde admet que le coup d'Etat a sauvé le pays."
* Louis-Napoléon à la conquête du pouvoir (Dansette / Hachette / p.409)* Le Second Empire (Pierre Micquel / Plon / p.59)* Louis-Napoléon revisité (Alain Minc / Gallimard / p.43)

toute la correspondance échangée entre Charles de Flahaut et sa femme Margaret Mercer Elphinstone

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"Le gouvernement belge a donné un passeport au prince de Joinville "dans sa dernière escapade"."
 
* Louis-Napoléon à la reconquête du pouvoir (Dansette / Hachette / p.381)

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" Depuis quelques jours je suis très tourmenté, car il n'y a rien de plus pénible que d'être indécis entre ses affections et la politique. J'arrive au fait.
Lorsque vous avez quitté le Ministère, je désirais vous appeler au Sénat - vous ne l'avez pas voulu. Plus tard, voulant vous donner une preuve de ma confiance, je vous ai offert la place de président du Corps Législatif - vous l'avez acceptée. En vous faisant cette offre je pensais qu'elle était d'accord avec ma politique, puisque je montrais ma reconnaissance à celui qui m'avait aidé au 2 décembre et qui par cet acte était franchement compromis avec moi. Néanmoins, les décrets du 22 janvier ont, à mon insu d'abord, changé la situation. Le parti Orléaniste, vous voyant vous retirer à cause de ces décrets, s'est flatté de l'espoir que si vous étiez président de la Chambre cela favoriserait ses intérêts. Je n'ai d'abord cru à cela que très vaguement, mais hier j'ai lu une lettre interceptée adressée à la Duchesse d'Orléans, et écrite par une personne haut placée, qui lui dit ceci : "Notre espoir est dans la nomination de "M. de Morny" à la présidence de la Chambre. Le Président peut disparaître par un accident de la scène politique, et alors nous sommes sûrs que toutes les sympathies de M. de M. seraient pour V.A.R.". Je n'attache pas à ce renseignement plus d'importance qu'il n'en mérite. Cependant mon but est d'être, par tous les moyens honnêtes, l'espoir prochain de tous les partis, et je vois donc avec regret que votre nomination dans les temps actuels irait contre mes intentions.
Je n'aurais peut-être pas eu le courage de vous dire tout cela, qui me coûte beaucoup, si vous ne m'aviez pas dit vous-même l'autre jour que vous ne teniez pas beaucoup à la position de président de la Chambre. Car, croyez que rien ne me serait plus agréable que de vous prouver ma sincère affection. Tout autre position, une ambassade à Saint-Petersbourg, à Vienne, à Madrid, tout ce qui pourrait vous convenir et être d'accord avec la marche de mon gouvernement, me plairait aussi beaucoup.
Enfin, réfléchissez et surtout plaignez-moi, car rien ne m'est plus pénible que de me voir obligé de me séparer jusqu'à un certain point de mes amis les plus sincères.
Croyez néanmoins à mon amitié.
L.N."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.326-327)* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.289 à 291)

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" Voici la lettre que je viens de recevoir du prince. Vous pourrez former vos propres conclusions (Vous jugerez après). Je ne veux pas ajouter un seul commentaire (Je ne me permettrai que d'y ajouter un mot).
Ainsi une promesse formelle est rompue à cause de la lettre d'une personne qu'on ne nomme pas (Ainsi voici un engagement formellement pris, rompu sur une lettre d'un tiers), qui prétend que j'aurais accepté ce poste pour soutenir les Orléans (avec la supposition donc que j'acceptais ce poste, devant pour ainsi [dire] en faire un appui pour les Orléanistes). C'est là la récompense de mon dévouement et de ma sincérité. Je regrette fort peu la présidence, vous le savez mieux que personne ; mais j'avoue que je ressens vivement cette injure et ce manque de confiance.
Maintenant, mon cher ami, prenez un jour favorable pour la vente des tableaux. Rien ne doit plus s'y opposer, au contraire.
Vous voyez, mon cher ami,que j'avais raison de regretter votre départ. Je vous embrasse bien tendrement.
AUG."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.326)* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.289 à 291)

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Mon cher Flahault,
Je m'aperçois que toute cette affaire ennuyeuse dont vous m'avez entretenu est due à ce que la Reine avait omis de dire les mots qu'elle entendait prononcer.
Elle m'a écrit ce matin les mots qu'elle avait l'intention de dire, - Granville peut les transmettre à Walewski, - en oubliant ce détail, à savoir que la Reine en avait, par nervosité, omis quelques-uns.
Fidèlement vôtre.
J.RUSSELL
* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.252-253)