1835 | Madame de Souza à M Le Roi | nouvelles de Charles et Auguste

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"Ah, cher ami, quelle journée j'ai passée le jour de cet affreux événement. Je savais que mon fils avait été convoqué comme lieutenant général pour accompagner le roi à la revue. A une heure, un voisin qui l'ignorait vient me dire qu'on a tiré sur le Roi, que le maréchal Mortier est mort et qu'il y a quinze généraux très grièvement blessés près de lui, et je passe toute seule depuis une heure jusqu'à cinq heures sans savoir le sort de mon fils. Mon ami, ces quatre heures ont été affreuses et m'ont tellement porté sur les nerfs qu'à présent le moindre bruit, un mot un peu plus vif, me feraient pleurer. Tout me fait mal. Je ne vous ai pas écrit de suite parce que je n'aurais pu former une lettre. Du reste, mon fils n'a rien cul mais son cheval a reçu deux balles dont une a traversé l'oreille de part en part, ce qui est assez près du maître, comme vous jugerez. L'autre est dans le cou. Ah ! mon vrai ami, quelle vie j'ai menée depuis cinquante ans !
Auguste est à sa garnison de Nevers, bien inquiet de nous tous, et vous le trouverez naturel. On me promet toujours de me payer ce qui m'est dû en Portugal. Cependant rien n'arrive. Toutefois ils sont mieux qu'en Espagne. J'ai trouvé dans les Mémoires du temps, en 1701, ces vers de l'abbé Régnier, j'ai envie de les envoyer à ceux qui veulent l'intervention :
Le destin de I'Espagne est toujours de nous
Nuire
Et le siècle à venir aura peine à juger,
S'il nous a plus coûté de la vouloir
Détruire
Que de la vouloir protéger.
" Sur ce, je vous aime, bien de tout mon coeur, cher et bon ami. Donnez-moi de vos nouvelles. Le repos et les loisirs de la campagne rendent votre silence impardonnable, Monsieur. "

* Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.371-372)

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Je consens à tout, dit-elle alors, pourvu qu'Auguste me revienne (…) A mon âge, l'espérance n'est jamais sans crainte.

 
* Morny, l'homme du second empire (Dufresne / Perrin / p.69)

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"Le duc m'emmena, sur la demande de M de Flahaut, en Afrique et me fit faire l'expédition de Mascara."
 

Morny, l'homme du second empire (Dufresne / Perrin / p.67)
Morny et son temps (Parturier / Hachette / p.29)

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" Enfin, Voilà une lettre de mon vrai ami, mais j'avais su de ses nouvelles chez M. de Marbois par un jeune M. Le Prieur, référendaire à la Cour des comptes, qui demeure près des Mesnuls. Il m'avait dit que Mme de Nugent (Mme de Nugent, née Le Roi de Camilly nièce de M. Le Roi, était à ses derniers moments. Elle mourut en 1836.) était un peu moins mal et, en vérité, j'ai espéré comme si j'étais de la famille, tant je suis occupée de vous, mon bon ami. Votre lettre détruit cette lueur d'espérance, et je suis tristement atteinte par la sombre tristesse de tout ce qui vous entoure. A votre âge, mon bon ami, et au mien, les idées noires ne s'effacent plus, et l'on se dit douloureusement que vivre c'est voir mourir. Enfin ne me laissez point sans nouvelles de la pauvre malade. M. Le Prieur m'a dit que Mme Charles (Mme Charles de Nugent, née Bourqueney, belle-fille de la malade.) était grosse. Parlez sans cesse à Mme de Nugent de cet enfant. C'est lui donner une idée d'avenir. Peut-être espérait-elle quelques jours de plus à vivre et, de proche en proche, des pensées consolantes pénétreront son âme et adouciront ses derniers instants. Mais je ne veux point ajouter à vos peines en appuyant sur ce qu'elles me causent de tristesse.
" Je veux vous raconter une anecdote curieuse que vous ne savez peut-être pas, car on l'a beaucoup cachée dans le temps. J'ai été à la fonderie voir la statue de l'Empereur avant qu'elle en fût sortie (La statue de Napoléon de la colonne Vendôme.) et j'ai vu dans l'atelier une statue colossale de Louis XVI, très belle, très ressemblante, et je m'étonnais qu'en quinze ans de temps on eût négligé de la couler en bronze. On m'a appris que cette statue étant sur des dimensions plus grandes qu'aucune qui eût été faite, le fondeur fit tous ses calculs pour ce qu'il fallait de métal et se croyait d'autant plus sûr de son fait que jamais, jamais il ne s'était trompé. Il coule donc sa statue, et vous savez que l'on commence par les pieds. Lorsqu'elle est froide, Mme la Dauphine veut assister au dépouillement. Jugez de l'horreur ! La tête manquait ! Il n'y avait pas eu assez de bronze. Elle fit un cri affreux et s'enfuit disant que cela lui faisait trop de mal. Depuis, on n'a plus songé à cette statue qui est encore là, non celle en bronze, mais le plâtre. J'avoue que cela M'a fait transir. Si vous saviez cette circonstance de toutes les douleurs de cette pauvre princesse, pardonnez-moi de vous les avoir redites, mais je ne puis penser à autre chose... "

* Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.363-365)

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" J'ai souffert comme une malheureuse, écrit son aïeule, le 29 décembre 1835, à M. Le Roi, et je vous assure que mal passé n'est pas un songe, mais voilà assez parlé de moi ; je suis dans la joie de mon coeur parce que j'attends Auguste après-demain. Ce pauvre enfant a cruellement souffert, dans cette triste et courte campagne, d'une dysenterie affreuse.Ce n'est pas commode quand on bivouaque dans la boue. Enfin je le verrai et votre coeur comprendra toute ma félicité. Si je savais un mot plus fort qui exprimerait mieux les délices du troisième ciel, je m'en servirais. "

Morny et son temps (Parturier / Hachette / p.30)
Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.251)
Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.368-370)