16 novembre 1834 | Talleyrand à Charles de Flahaut | vieux livres

Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance

" J'ai beaucoup lu de vieux livres. Lire est bien plus agréable, bien plus paresseux que d'écrire. Les pensées qui restent après une longue lecture ont une forme de rêverie qui vaut bien mieux que de penser sérieusement à la pauvre politique que nous essayons chaque jour de faire."
Puis il lui conseille de lire les Mémoires de Saint-Simon dont il parle constamment dans ses lettres à ses amis :
" Il y a là divertissement et profit. Je trouve que les ministres d'alors avaient d'abord plus d'esprit, et aussi plus d'égards pour le pays, plus de désir de bien faire que nous n'en voyons, après notre révolution, dans nos ministres actuels. "

Talleyrand le Prince immobile (Emmanuel de Waresquiel / Fayard / p. 542)

Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance

" Emilie est très jolie et semble extrêmement spirituelle."
 
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.264)

Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance

" Je n'ai rien vu du tout des Flahaut. Le mari n'a pas même mis une carte chez M de Talleyrand. Il les a rencontrés aux Tuileries, où M de Flahaut n'a pas même salué. Cela a fait dire un très joli mot à M de Talleyrand, à qui on demandait l'explication de l'impolitesse de M de Flahaut : "C'est que je l'ai apparemment mal élevé.""
 
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.248)

Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance

" Je n'ai point passé un seul jour sans penser à vous, mais, bon ami, je suis devant ma table et je ne respire pas, tant je m'inquiète. J'aime cet enfant comme le dernier bien que j'ai pu faire, comme la dernière feuille sur laquelle j'appuyais mes frêles espérances. Mais, à mon âge, l'espérance n'est jamais sans crainte, et heureux ceux que les souvenirs ne viennent pas encore affliger! Auguste est mieux, mais il a toujours de la fièvre quoiqu'elle diminue. Sa cholérine et son ancienne gastrite vont toujours leur train. C'est bien de la faiblesse à ajouter à de terribles saignées pour le sauver de la fluxion de poitrine. Je vous aime bien sincèrement. Dites-vous-le, mon vrai ami, quand vous n'avez pas de mes nouvelles, mais je suis en convalescence, quoique mes forces ne reviennent pas. On dit que c'est tant mieux. J'y consens, pourvu qu'Auguste me revienne. Voilà tout ce que je demande à Dieu et à la médecine. Pardonnez-moi mon long silence, mon bon ami, et voyez-moi devant ma table, ne respirant pas et ne pouvant m'occuper à rien, disant toujours : A demain, j'aurai eu des nouvelles.
Ne pensez-vous pas que nous sommes en enfer sans nous en douter ? Je le crois aux chagrins qui ont agité ma vie. Encore, si nous nous rappelions pourquoi on nous punit ; ce serait quelque chose ! Parlez de moi à M. et à Mme de Nugent. "

* Morny et son temps (Parturier / Hachette / p.27)* Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.370-371)

Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance

" Nous voici à l'année qui vient, cher ami. Je vous la souhaite de tout mon coeur, bonne, heureuse, dans votre santé et vos affections. Je ne vous ai pas écrit le premier jour de l'an, et je me le suis reproché, mais j'ai eu le dîner de famille, puis M. Auguste qui est revenu de sa garnison pour me souhaiter la bonne année ; ensuite le bruit des étrennes, la joie de mes petites filles. Pour moi, j'ai eu d'Auguste le présent qui pouvait me faire le plus de plaisir. Il m'a donné son portrait, ce qui m'a causé un vrai battement de coeur, d'autant qu'il me l'avait annoncé comme m'ayant préparé des étrennes qui m'étonneraient et, pour me dérouter, il me disait : " C'est quelque chose qui va sur l'eau. " J'imaginais un bateau en chocolat ou quelque bêtise comme on en fait et c'est tout simplement parce qu'il passait les ponts pour aller chez le peintre et les a passés encore pour me l'apporter. Les Anglaises (qui ne sont pas des Anglaises pour rien) ne comprennent rien à nos jours de gaîté, j'ai beau leur dire : il y a tant de jours tristes dans l'année. Laissez-nous-en du moins deux où l'affection semble plus vive parce que vous en renouvelez les assurances. Elles n'y entendent rien !
" ... Je prétends que vous me donniez de vos nouvelles et que vous m'envoyiez tout ce que vous écrivez sur notre langue française. J'aimerais à tâcher de comprendre ce que vous aurez fait, car, pour moi, en grammaire, je chante juste, mais je ne sais pas la musique. Je me suis mise à relire le Dictionnaire philosophique de Voltaire. Je n'aime point ses articles contre la religion parce que, tout en détestant comme lui les fanatiques et les intolérants, j'ai sous les yeux une pauvre parente ruinée, malade, que la religion console et a rendue excellente. Ce topique-là est fort à considérer. Elle me soigne beaucoup, d'abord parce qu'elle m'aime, mais aussi parce qu'elle me couve des yeux et mitonne ma conversion. Aussi, quand elle me demande de mes nouvelles, je lui dis toujours que je me porte à merveille. (Cette lettre à M. Le Roi est la première dans laquelle Mme de Souza parle de la parente en question. Nous avons lieu de croire lu'il s'agit là d'une cousine de M. de Flahaut appartenant au lignage des Montiers. Cette pieuse parente arriva-t-elle à ses fins ? C'est un point qu'il nous a été impossible d'éclaircir, et aucune lettre n'a pu nous faire connaître si Mme de Souza persista, à l'heure suprême, dans les erreurs de son vague déisme ou si elle mourut en ouvrier de la dernière heure.) Mais revenons à ce mécréant de Voltaire. Que tous les autres articles sont instructifs, sans pédanterie ! Relisez celui sur l'art dramatique. Ces messieurs les romantiques devraient lire les vers qu'il citait alors. Que dirait-il aujourd'hui ?
J'écris en insensé. Mais j'écris pour les fous.
Le public est mon maître, il faut bien le servir.
Il faut pour son argent lui donner ce qu'il aime !
J'écris pour lui, non pour moi-même ;
Il cherche des succès dont je n'ai qu'à rougir.

" Adieu, cher et bon ami, cet hiver humide m'attriste parce que le ciel est gris, mais j'aime mieux la pluie que la gelée. Bonne année, beaucoup d'années encore, et aimez-moi tant que je vivrai. Mon fils m'a menée hier à l'Opéra. Mon cher, j'ai été frappée du raccourci des jupons. Mais ces demoiselles montrent leurs jambes jusqu'à l'épaule ! et on applaudit ! Il y a bien des années que je n'avais vu tout cela. La jeunesse actuelle me fait croire que j'ai un ou deux siècles et, sans doute, elle le croit encore plus que moi. "

* Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.368-370)* Le duc de Morny (Marcel Boulenger / Hachette / p.25)

Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance

"Quant au mystère, il m'a été dicté par deux motifs : le premier, ton propre bien-être ; le deuxième, la volonté de celle qui l'a écrit. Voilà l'exacte vérité et j'avais besoin de te le dire."

Morny et son temps (Parturier / Hachette / p.27)
Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.213)

Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance

" Je suis bien aise de ce que tu me dis de ta résolution de ne plus faire de dettes "
* Le duc de Morny (Marcel Boulenger / Hachette / p.26)