18 août 1800 | Louis Bonaparte à Mme de Flahaut | refus du cheval

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Contenu de la correspondance

"Je ne puis accepter la Belle normande de votre Charles , Madame parce que de tous les défauts possibles, celui que je crains et que je hais le plus c'est l'égoïsme. Il est plus juste qu'un dragon ait un bon, beau et solide cheval, qu'un colounel (sic) qui doit en avoir plusieurs. Ainsi vous ne l'offrirez pas - ou en traduisant cette offre à la manière de Sterne, je croirai que vous me jugez mal. Vous me voyez avec des yeux trop beaux et trop flatteurs, pour que je ne désire pas d'être meilleur autant que possible. Je vous demande de me faire acheter par votre parent la jument qui va le Diable, dont vous m'avez déjà parlé, et celle dont vous me parliez aujourd'hui, qui est dressée ; cette qualité est précieuse pour moi dans ce moment-ci. Je prends ici les eaux minérales artificielles, cela m'oblige à une vie réglée.
Je veux vous faire part, Madame, d'un projet qui sera exécuté si je m'en sens les forces. Nous jouons à la Malmaison la comédie tous les decadis. Nous sommes fort embarrassés de trouver des pièces. Nous jouons celles que l'on donne aux Français, et quoique nous n'ayons pour spectateurs que des gens fort légers, il y a éclipse. Tout le monde pense que si nous donnions des pièces tout à fait nouvelles, cela nous sauverait la comparaison. J'ai donc formé le projet d'une comédie ; depuis longtemps, je mets mes délices à me voir jouer. Le sujet, et le plan m'embarrassaient également. Je veux y mettre un peu de morale, pas de pédanterie, et de la nouveauté - c'est beaucoup, mais enfin c'est quelque chose que la volonté. J'ai trouvé le sujet, il n'y a plus que le reste qui m'embarrasse, mais je prends patience, comme un roi déchargé du poids de mon gouvernement pour tout le mois prochain. J'espère qu'une fois reposé, ma tête et mon cœur pourront s'entendre pour l'exécution de mon grand projet. J'ai bien résolu de ne la lire qu'à vous et aux artistes de la Malmaison. Si vous me promettez de l'écouter je me mettrai à l'ouvrage de suite, mais ne divulguez pas mon secret. Je ne suis encore auteur que dans l'avenir, et en vérité c'est beaucoup que l'espoir, quand on songe que tant de savants et d'instituts ne peuvent plus en avoir, et qu'en voulant enforcer les portes du temple de mémoire ils s'y sont écrasés. Pardonnez-moi cet anathème ; il me prouve déjà que je réussirai, car c'est ainsi que débutent les hommes savants de nos jours !
Pardon, Madame, de mes jeux de mouche, de mon bavardage. Ne voyez, je vous en supplie, que l'hommage de mon admiration et de ma vive reconnaissance."
Louis Bonaparte

* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.38)* The First Napoleon / Some unpublished documents from the Bowood papers / The Earl of Kerry / p. 326-327

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Contenu de la correspondance

" Continue à être aux petits soins avec Louis. Qu’il comprenne ce que pourrait être l’amitié d’un homme bien élevé... Jérôme et Mme Bonaparte m’ont dit, tous deux, qu’il t’aime beaucoup et chante perpétuellement tes louanges. "

Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.38)
Morny, un voluptueux au pouvoir (Rouart / Gallimard)
Hortense, reine de l'Empire (Constance Wright / Arthaud / p. 81)
Secrets et malheurs de la reine Hortense (Pierre de Lacretelle / Hachette / p.111)

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Contenu de la correspondance

" Général, je n’ai que seize ans (en fait, il en avait quinze), mais je suis fort. Je sais trois langues assez bien pour que, plusieurs fois, il ait été impossible de deviner, dans les différents pays, si j’étais Anglais, Allemand ou Français.
Trop jeune pour être soldat, j’ose vous demander d’être votre aide de camp. Soyez sûr que je serai tué ou que j’aurai justifié votre choix à la fin de la campagne.
Pour que vous croyiez à mon dévouement, j’invoquerai près de vous un exemple qui réglera ma vie entière.
Mon père a été condamné à mort sous la terreur. Après son jugement, ma mère obtint du geôlier de le laisser échapper de la prison. Le lendemain, mon père apprit qu’on avait arrêté son défenseur officieux, accusé d’avoir facilité son évasion. Il quitte son asile, se rend à la Commune, disant qu’il ne veut pas qu’un innocent souffre pour lui, et il a péri deux heures après. (Charles de Flahaut faisait ainsi un récit schématique et quelque peu inexact de la mort de son père). Croyez-vous, général, qu’après un pareil exemple je serai fidèle à l’honneur et à vous ?
Salut et respect. "

Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.32-33)
Morny, un voluptueux au pouvoir (Rouart / Gallimard / p.32-33)
Dans l'entourage de l'Empereur (Emile Dard / Plon / p.43)
Morny, l'homme du second empire (Dufresne / Perrin / p.25)
Hortense de Beauharnais (Françoise Wagener / J-C Lattès / p.207)
Madame de Souza et sa famille (Baron André de Maricourt / Emile-Paul Frères / p.241-242)
Hortense, reine de l'Empire (Constance Wright / Arthaud / p.79)
Le duc de Morny (Marcel Boulenger / Hachette / p.12)
Son élégance le duc de Morny (Augustin-Thierry / Amiot-Dumont / p.36)
Jadis (2ème série) (Frédéric Masson / Société d'éditions littéraires et artistiques / p.270)