Paris, mercredi 19 novembre 1851 | Charles de Flahaut à sa femme | refus du vote

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" Il y a beaucoup de gens qui regrettent le vote de lundi, ils auraient préféré un vote contraire qui aurait provoqué le coup d'Etat contre l'assemblée. Mais ils ne réfléchissent pas qu'il aurait été fait contre le parti de l'ordre et aurait séparé le président des hommes qui le composent. Si une telle mesure doit être prise, il faut que ce soit dans une occasion où le président et la majorité sont d'accord, et ceci n'est pas impossible."
* Flahaut (Françoise de Bernardy / Perrin / p.308-309)
Je commanderai votre robe dès que vous me renverrez l'échantillon, mais je vous avertis que le roi de Hanovre est dans l'état le plus critique et que le baron Stockhausen, que j'ai vu aujourd'hui, s'attend chaque jour à son décès (Il était mort la veille)...Auguste ne va pas bien aujourd'hui à cause de l'agitation des huit derniers jours. J'ai vu souvent Mme de Liéven ; elle est sans réserve pour le Président. Je crois que tout le monde sera comme elle dans peu de jours. Vous ne pouvez vous imaginer combien tous les hommes du Parlement ont l'oreille basse. On me dit que Thiers est furieux contre tous ; il est malade, paraît-il, ayant encore la langue couverte d'aphtes. Il est puni par où il a péché...Savez-vous qui a fait son appariton hier ici ? Ce pauvre Dehuir ! Il déclare que tous sont pour le Président à Vienne. Je suis allé tantôt voir la "Grossaltheit". Elle est encore complètement pour Thiers et Changarnier... Je ne sais pas de plus grande honte pour la fille d'un duc anglais que de se marier de la sorte. (Allusion au mariage de Lady Augusta Gordon Lennox, fille du duc de Richmond, avec le prince Edouard de Saxe-Weimar, qi eut lieu quelques jours plus tard. Au début, on ne lui reconnut pas le titre de princesse à la Cour, mais elle s'appela officiellement : cmtesse Dornberg.)Beaucoup de gens regrettent le vote de lundi et auraient préféré un vote contraire qui eût permis un coup d'Etat contre l'Assemblée ; mais ils ne réfléchissent pas que ce coup aurait été dirigé contre le parti de l'ordre et aurait ainsi créé une scission entre le Président et les hommes de ce parti. S'il faut en venir à pareille mesure, ce devra être pour un cas où le Président et la majorité seront d'accord, - ce qui n'est pas impossible.J'ai eu ce matin une longue conversation avec Dupin, qi m'a prié de le rappeler à votre bon souvenir.Affection à tous. Vous recevrez de Walewsky un paquet de graines. Envoyez-les à Whylock. J'apporterai 31 rosiers avec moi ; ce sera mieux que des greffes.
* Le secret du coup d'Etat (Guedalla-Kerry / Emile-Paul 1928 /p.149 à 151)

toute la correspondance échangée entre Charles de Flahaut et sa femme Margaret Mercer Elphinstone