Lettre d’Hortense de Beauharnais à son frère Eugène 17 septembre 1805 , Paris

Toutes les correspondances de l'année
Contenu de la correspondance

Lettre d'Hortense de Beauharnais à son frère Eugène
17 septembre 1805 , Paris
Je suis arrivée dimanche soir de Saint-Amand, mon cher Eugène. L'Empereur avait écrit à Louis pour lui dire de venir sur-le-champ : il est définitivement gouverneur de Paris.
Hier matin, Lavalette m'a apporté une lettre de toi : j'ai bien senti le désir que tu montres de faire la guerre.
Je suis partie pour Saint-Cloud à midi ; j'ai pleuré en embrassant maman. Nous avons beaucoup parlé de toi, comme tu le penses bien.
J'ai été voir l'Empereur ; il m'a très bien reçue ; il m'a dit "Eh bien ! ton frère, qu'est-ce qu'il dit ?" Je lui ai répondu que tu étais bien triste de ne pas faire la guerre mais que tu l'espérais toujours ; que tu servirais avec plaisir sous Masséna. Il m'a plaisantée en me disant : "Comment, vous demandez qu'il se batte ? Et s'il est tué, le pauvre petit frère..." J'ai cru voir cependant, dans son air, qu'il n'était pas très bien décidé à ne pas te laisser servir ; je lui en ai encore parlé une fois, mais il a toujours changé de conversation en riant, ce qui me donne de l'espérance, car tu sais que, quand il ne veut pas une chose, il le dit tout simplement : "Cela ne se peut pas"
Croirais-tu que cela m'a paru bien extraordinaire de me retrouver dans une Cour ? Toutes les petites intrigues étonnent quand on sort d'une solitude comme celle que j'ai quittée.
Maman se conduit très bien dans tout cela ; elle n'est plus jalouse, ce qui est un grand point ; l'Empereur est fort bien pour elle ; mais adieu, je vais aller voir Mme Murat et sa maman. Je t'écrirai bientôt ; je t'embrasse.
Hortense