Je soussigné Auguste Jean Hyacynthe de Morny, propriétaire à St-Dominique, voulant prévoir le cas où mon épouse Louise Emilie Coralie Fleury, partie depuis huit mois pour Philadelphie, sans que j’aye reçu de ses nouvelles depuis son départ, y étant allée pour tâcher d’y recouvrer les débris de ma fortune perdue par les désastres arrivés dans la colonie. Au cas où elle reviendroit avec des recouvrements certains, je lui recommande d’en faire le placement en France de la manière la plus solide, de s’en conserver la jouissance, et d’en assurer la propriété à notre fils, Charles Auguste Louis Joseph, né le vingt et un Octobre mille huit cent onze à Paris : et afin d’être parfaitement tranquil sur ce placement, je la prie de ne rien faire sans les avis de Monsieur don Joseph Marie de Souza, à qi nous devons notre existence depuis nos malheurs.
Dans le cas où ma femme viendroit à mourir, ayant perdu tous mes parens lors du désastre arrivé à St-Dominique, je fais choix pour tuteur de mon fils de la personne de Monsieur de Souza ci-dessus nommé. Dans le cas où il quitteroit la France, ou dans le cas où il viendroit à mourir, je choisis pour tutrice de mon fils l’épouse de Monsieur de Souza, Madame Adélaïde Marie Emilie Filleul, veuve en première noce de Monsieur de Flahault, dont la bienfaisance nous a si souvent secourus ; et dans le cas du prédécès de Madame de Souza, ou dans le cas d’absence ou empêchements, je choisis pour tuteur de mon fils, Monsieur Auguste Charles Joseph de Flahault, actuellement aide de camp de S.A.I. Monseigneur le Prince de Neuchâtel.
J’espère que toutes les personnes ci-dessus dénommées ne refuseront pas de me rendre ce dernier service et d’accorder à mon fils, s’il devenoit orphelin, tous les soins et les secours que son âge et notre ancienne position réclameront, et en attendant le retour de mon épouse, je leur donne toute autorité et tous droits sur mon enfant.
Dans ce dernier moment j’ordonne à mon fils de témoigner par son obéissance et sa gratitude tout ce que je dois, et tout ce qu’il devra, à Monsieur et Madame de Souza, dont je prie la Providence de récompenser la bonté et la bienfaisance.
Je révoque tout autre disposition dernière que j’aurois pu faire avant le présent testament auquel seul je m’arrête comme contenant mes dernières volontés.
Fait à Paris ce treize Novembre, mille huit cent douze.
Auguste Jean Hyacinthe de Morny.
* La reine Hortense (Duc de Castries / Tallandier / p.387)
* Morny, un voluptueux au pouvoir (Jean-Marie Rouart / Gallimard / p.59-60)
* Morny et son temps (Maurice Parturier / Hachette / p.16)
* La reine Hortense (Bernard Nabonne / Editions André Bonne / p.120)
* Secrets et malheurs de la reine Hortense (Pierre de Lacretelle / Hachette / p.121)
* La reine Hortense (Françoise de Bernardy / Perrin / p.432