1822 | Madame de Souza à M Le Roi | inquiétudes

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Contenu de la correspondance

" Que vous êtes bon, mon Petit Père Éternel, je me disais que vous ne saviez pas un mot de nos tribulations, et j'étais sûre que vous enverriez savoir de nos nouvelles. Voyez si mon coeur et le vôtre ne s'entendent pas, malgré cette rue d'Enfer que je hais. (On a vu que le Roi habitait le cul-de-sac de Saint-Dominique-d'Enfer.) On a retiré à ma pauvre soeur 60 pintes d'eau ; elle a été fort agitée cette nuit, mais a dormi sur le matin. M. de Souza est mieux ; cependant ses vilains catharres lui reprennent souvent. Il fait comme vous et ne mange rien, ce qui paraît au vulgaire bien affaiblissant. M. de Souza est mieux aujourd'hui. Ainsi j'espère que samedi il descendra au coin de son feu. Si vous y veniez vers le soir, vous seriez bien aimable.
" Votre sociabilité est charmante et bien vraie, mais vous seul la possédez à cet éminent degré. Je m'en doute aussi un peu mais pas aussi bien que vous... Mon bon petit père, mon aimable et ancien ami, il n'y a que vous comme vous. Ménagez-vous bien. Il fait un vent sec et nord auquel je vous supplie de ne pas vous exposer. Attendez la pluie pour sortir. Ce soleil est un trompeur et plus mortel que la neige. Voilà ce que Moreau dit. " (Moreau était le médecin de Mme de Souza et de Morellet.)

Madame de Souza et sa famille (baron André de Maricourt / Emile-Paul frères / p.323)