Charles-François de Flahaut, comte de la Billarderie (1726-1793)

Charles-François de Flahaut
comte de la Billarderie

(1726-1793)


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éléments biographiques

Un homme bien né.
Issu de l’ancienne noblesse d’épée, au service des armées du Roi, Charles-François de Flahaut de la Billarderie termina sa carrière comme maréchal de camp.
Il était considéré comme un gentilhomme de bonne naissance, un “homme du XVIIIème siècle”,
de manières distinguées et d’humeur complaisante (1). Il était un fort honnête homme, de manières parfaites et d’une politesse raffinée. Son commerce était facile et son humeur douce. (2). Son sens de l’honneur lui valait le respect de tous.

Un mariage convenu.
Le 30 novembre 1779, il épousa Adélaïde Filleul, âgée alors de dix-huit ans. Lui en avait cinquante-trois. C’est chez Madame de Marigny qu’ils se rencontrèrent. Qui décida de leur mariage ? Personne ne le sait. Elle était orpheline, il était veuf d’un premier mariage contracté ave Françoise-Louise Poisson, née en 1724, propre soeur de la marquise de Pompadour. Beaucoup s’amusèrent de leur mariage, notamment Villemarest qui écrivit : “Jeté après l’age de cinquante ans dans les bras d’une enfant, il comptait au nombre des vieillards aux yeux desséchés et ternes, dont les lèvres grimacières donnent issue par leur flasque distention à une pointe de langue qu’aucune dent ne retient plus.” (3)
La disproportion d’âge était assortie d’un écart social important, mais “les mésalliances étaient assez fréquentes à Paris sous l’ancien régime, et cette union entre Filleul et les Flahaut en donne une preuve nouvelle.” (4)
Son frère, le comte d’Angiviller de la Billarderie, directeur et ordonnateur général des bâtiments du Roi procura aux nouveaux mariés un logement au Louvre. (le comte d’Angiviller, peint par Greuze)

Un mari complaisant.
La différence d’âge exposa inévitablement leur vie conjugale à de nombreux déboires.
Adélaïde avait dix-huit ans. Elle était belle, fine, spirituelle. Lui était vieux, perclus de rhumatismes. Il aimait la vie domestique. Dès le soir tombé, il s’assoupissait facilement.
Elle prétendit n’avoir “jamais consommé son mariage avec un mari qu’elle haïssait” (5)
On comprend donc ses aspirations et son désir d’épanouissement. Elle ouvrit un salon, fréquenté par des écrivains et l’aristocratie de gauche. Ses admirateurs accoururent. Parmi eux, le jeune abbé de Périgord, Talleyrand, “qui finit par s’inviter à dîner tous les soirs, dans cette hospitalière maison”. (6). Beaucoup d’auteurs affirment que le comte de Flahaut fermait les yeux, “savait s’effacer de bonne grâce devant le mariage de coeur contracté par sa femme avec l’abbé de Périgord(7). Certains pensent même que sa nomination comme intendant du Jardin du Roi, succédant à Buffon, était un arrangement en haut lieu destiné à lui faire reconnaître l’enfant, né le 21 août 1785, fruit de la liaison de Talleyrand avec son épouse Adélaïde. Le scandale évité, le comte de Flahaut ne fit plus jamais aucune allusion sur la naissance de cet enfant.
Seul Jean Orieux (Talleyrand, Flammarion) prétend que le comte de Flahaut “ignora tout de cette liaison(8)

Un homme cultivé.
Il s’intéressa aux sciences, aux lettres et aux arts. Ses amis se nomment, Lavoisier, Buffon et Condorcet. Gouverneur Morris, agent des nouveaus Etat-Unis à Paris, et habitué du salon de Mme de Flahaut, passa de longs moments en conversation avec lui, traitant de politique et d’affaires. “Les entretiens abordent les grands problèmes du jour. On discute sur l’avenir politique et social, on lance des idées, on caresse des projets.” note Augustin-Thierry dans son ouvrage “Son élégance le duc de Morny”

Vint la Révolution…
Les habitudes étaient prises dans le logement du Louvre. Adélaïde tenait régulièrement son salon, de plus en plus fréquenté. Le vieux comte de Flahaut s’occupait paisiblement, acceptant la vie mondaine de son épouse. On lui octroya des appointements de 12000 livres pour l’intendance du Jardin du Roi.
Mais la menace de la Révolution se précisait. Son traitement fut abaissé à 8000 livres, puis il fut chassé de son poste en décembre 1791. Les événements se précipitèrent ; il fallut trouver un abri sûr. En 1792, au début des massacres de septembre, Adélaïde dut fuir en Angleterre avec son fils Charles, après avoir aidé le vieux comte, infirme, à rejoindre son Boulonnais familial, grâce à un vol de passeport et la connivence d’un adjoint de la Commune : Méhée de la Touche.

Une mort héroïque.
A la suite d’une affaire de faux assignats, (probablement cet argent servait-il à financer le départ de familles nobles vers l’étranger) (9), Charles-François de Flahaut fut arrêté et emprisonné à Boulogne le 29 janvier 1793. Après 10 mois de détention, il “acheta” son évasion à des geoliers complaisants. Son avocat fut arrêté suite au trafic de faux assignats, et condamné.
Le comte ne put supporter cette injustice et son sens de l’honneur le poussa à se présenter spontanément au Tribunal Révolutionnaire, pour empêcher la mort d’un innocent et sacrifier sa propre vie sur l’échafaud, à Arras, en 1794.
C’est à Bremgarten, en Suisse, qu’Adélaïde apprit la mort de son mari.

Charles de Flahaut cita cet acte héroïque de son père , dans la lettre qu’il écrivit à Bonaparte, en mars 1800, pour se faire engager comme aide de camp. (lire cette lettre)

(1) (Le duc de Morny, Robert Christophe, Hachette)
(2) (Flahaut, Françoise de Bernardy, Perrin)
(3) (Talleyrand,Bordonove, Pygmalion)
(4) (Madame de Souza et sa famille, baron André de Maricourt, Emile-Paul frères
(5) (Talleyrand, Lacour-Gayet, Payot)
(6) (Le duc de Morny, Frédéric Loliée, Emile-Paul)
(7) (Napoléon III, André Castelot, Perrin)
(8) (Talleyrand, Jean Orieux, Flammarion)
(9) (Mathilde de Morny, Claude Francis et Fernande Gonthier, Perrin)
Une note de M.de Monmerqué sur M. et Mme de Flahaut, rappelle les conditions de cette affaire